Votre bébé est né, et avec lui, un flot d’émotions et un instinct de protection immense. Alors que votre entourage vous propose de l’aide, une angoisse sourde monte en vous à l’idée de devoir confier votre tout-petit, ne serait-ce que pour quelques heures, à votre belle-mère. Vous culpabilisez, vous avez peur de vexer, mais le sentiment est là : vous ne le voulez pas, ou pas encore.
Ce sentiment est non seulement légitime, mais il est aussi extrêmement courant chez les jeunes mères. Il n’est que rarement le signe d’une mauvaise relation, mais plutôt l’expression d’un besoin biologique et psychologique de rester fusionnelle avec son enfant. La clé est d’apprendre à décoder ce que vous ressentez pour pouvoir le communiquer avec douceur et fermeté.
Les infos à retenir
- 🤱 Un instinct de protection normal : Ce refus est souvent lié à l’anxiété de séparation et à l’instinct primaire de la mère (la « matrescence ») de ne pas vouloir se séparer de son nouveau-né. Ce n’est pas un rejet de la belle-mère.
- 🗣️ La communication est la clé : Il est essentiel de verbaliser vos émotions sans accuser. Utilisez le « je » : « JE ne me sens pas encore prête à le laisser », plutôt que « VOUS ne faites pas comme il faut ».
- 🤝 Proposez des alternatives : Pour ne pas braquer votre belle-mère, refusez la garde seule mais proposez des moments partagés : « Je ne souhaite pas le laisser, mais je serais ravie que tu viennes passer l’après-midi avec nous à la maison ».
- ⏰ Donnez-vous le temps : Le besoin de garder son bébé près de soi est très fort les premiers mois. Ce sentiment s’estompe naturellement avec le temps, à mesure que vous gagnez en confiance et que votre bébé grandit. Ne vous forcez pas.
Pourquoi est-ce si difficile de confier son bébé ?
La période du post-partum est un bouleversement hormonal et psychologique intense. La jeune mère est biologiquement programmée pour protéger son enfant. Cette réticence à le laisser, surtout à la génération précédente, peut avoir plusieurs racines. Il y a d’abord une peur viscérale qu’il arrive quelque chose. Il y a aussi la crainte que les « règles » (de sommeil, d’alimentation) ne soient pas respectées, car les conseils de puériculture ont énormément évolué en une génération. Enfin, il peut y avoir une dimension de rivalité inconsciente ou la peur d’un jugement. Confier son bébé, c’est aussi accepter de ne pas être indispensable, ce qui est une étape difficile à ce moment de la vie.
Poser ses limites est essentiel pour son équilibre. Ce sentiment est parfois lié à une charge mentale plus large, comme l’explique notre article « Je ne supporte plus ma vie de maman ».
Comment annoncer sa décision sans créer de conflit ?
La forme est aussi importante que le fond. L’objectif est de poser vos limites tout en préservant la relation. La première règle est de parler en votre nom propre. Exprimez votre ressenti, sans chercher à vous justifier avec de fausses excuses. Une phrase comme : « Je te remercie infiniment pour ta proposition, ça me touche beaucoup. Pour l’instant, en toute honnêteté, je ne me sens pas du tout prête à me séparer de lui, j’ai ce besoin de l’avoir près de moi » est sincère, déculpabilisante et difficile à contester. Il est crucial d’impliquer votre partenaire. C’est aussi son enfant. La décision doit être commune et il peut être un allié précieux pour communiquer ce message à sa propre mère.

Quelles alternatives proposer pour maintenir le lien ?
Le refus de garde ne doit pas être interprété comme un rejet de la grand-mère. Pour éviter cela, soyez pro-active en proposant d’autres formes d’interaction. Suggérez-lui de venir passer du temps avec vous et le bébé à la maison. Elle pourra ainsi créer un lien, s’occuper de lui, mais sous votre regard, ce qui est beaucoup plus rassurant. Proposez-lui de vous accompagner pour une promenade en poussette. L’idée est de lui montrer que vous souhaitez qu’elle ait une place dans la vie de votre enfant, mais que pour le moment, cette place se construit en votre présence. Cela lui permet de se sentir incluse et utile, sans que vous n’ayez à sacrifier votre besoin de sécurité.
L’avis de la psychologue périnatale
« La ‘matrescence’, cette contraction de maternité et adolescence, est une période de transition identitaire immense. La jeune mère a besoin de se sentir compétente et en contrôle. Le regard de la génération précédente, même bienveillant, peut être perçu comme un jugement ou une remise en question de ses capacités. Refuser de laisser son bébé n’est pas un caprice, c’est l’affirmation d’une nouvelle identité de mère qui a besoin de temps pour trouver ses propres marques, sans interférence. Il est vital de respecter ce besoin. »
S’écouter et se faire confiance avant tout
Devenir mère est un apprentissage. Cette période de fusion avec votre bébé est précieuse et nécessaire à la construction de votre lien d’attachement. Vous avez le droit de ne pas être prête, et vous n’avez pas à vous en excuser.
En communiquant avec honnêteté et douceur, en posant vos limites de manière respectueuse et en proposant des alternatives, vous parviendrez à naviguer cette période délicate. Faites confiance à votre instinct : c’est lui votre meilleur guide pour savoir ce qui est bon pour vous et pour votre enfant.
Gérer ses émotions est un apprentissage. Découvrez aussi pourquoi vous pleurez quand on vous crie dessus et comment y faire face.
Foire Aux Questions (FAQ)
🤔 Et si ma belle-mère insiste et se vexe ?
Restez calme mais ferme sur votre position. Répétez avec bienveillance que cela n’a rien à voir avec elle ou ses compétences, mais avec votre ressenti de jeune mère. Votre partenaire a un rôle essentiel à jouer ici pour vous soutenir et pour expliquer la situation à sa mère, afin qu’elle comprenne que la décision émane du couple.
🗓️ Quand saurai-je que je suis « prête » à le laisser ?
Il n’y a pas de date ou d’âge magique. Vous le sentirez. Le déclic vient souvent d’un besoin personnel de retrouver un peu de temps pour soi, ou d’une confiance qui s’est installée. La première séparation se fera peut-être pour une heure seulement, puis deux… L’important est d’y aller à votre propre rythme, sans pression.
👨👦 Mon partenaire ne comprend pas ma réticence, que faire ?
Expliquez-lui l’aspect viscéral et presque « animal » de votre ressenti. Parlez-lui de la matrescence, du post-partum. Il est important qu’il comprenne que ce n’est pas une décision rationnelle, mais un besoin émotionnel et hormonal profond. Son soutien est votre meilleur allié pour faire front commun face aux sollicitations extérieures.