Employé à qui son employeur demande de quitter son poste, et qui réfléchit à ses droits pour ne pas démissionner.

Mon employeur me demande de quitter mon poste : que faire ?

La phrase est brutale, souvent prononcée sous le coup de la colère ou dans un moment de tension extrême : « Prenez vos affaires et partez. Maintenant. Ne revenez pas demain. » Votre employeur vous met à la porte, avec effet immédiat. C’est le choc, la sidération, l’humiliation. Que se passe-t-il ? A-t-il le droit de faire ça ? Que devez-vous faire dans les 5 prochaines minutes ?

Cette situation est l’une des plus violentes du droit du travail. Votre réaction immédiate est cruciale pour protéger vos droits. Ce guide d’urgence est conçu pour vous donner un plan d’action clair et précis : les gestes à faire, les mots à dire, et surtout, les pièges à éviter dans cette situation de crise.

Les infos à retenir

  • 🛑 Le réflexe N°1 : NE SIGNEZ RIEN. Sous aucun prétexte. Ne signez aucune lettre de démission, aucun « accord », aucun solde de tout compte. Demandez un temps de réflexion.
  • 🗣️ Ne vous opposez pas physiquement, mais affirmez vos droits. Déclarez calmement : « Je prends acte de votre demande de quitter les lieux. Je vous demande de me notifier le motif de cette décision par écrit. »
  • 👁️‍🗨️ PRENEZ DES TÉMOINS. Si possible, faites en sorte que la scène se déroule devant des collègues ou, idéalement, demandez la présence d’un représentant du personnel (membre du CSE).
  • ⚖️ Ce n’est PAS un licenciement : Un licenciement verbal est illégal et nul. Il s’agit au mieux d’une « mise à pied à titre conservatoire », qui est une mesure d’attente et doit obligatoirement être suivie d’une procédure disciplinaire officielle par courrier recommandé.

La procédure d’urgence : que faire dans les 5 prochaines minutes

Dans le feu de l’action, votre sang-froid est votre meilleur atout. Voici la checklist à suivre.

  1. Restez le plus calme possible. Ne criez pas, n’insultez personne. Votre calme démontrera votre professionnalisme face à une situation qui, elle, ne l’est pas.
  2. Demandez le motif par écrit. Demandez très calmement à votre employeur de vous notifier par écrit la raison de cette demande de départ immédiat. Il refusera probablement, mais votre demande est importante.
  3. Récupérez vos effets personnels. Vous êtes en droit de récupérer toutes vos affaires personnelles (sac, photos, documents non-professionnels…). Faites-le si possible sous le regard d’un collègue.
  4. Ne partez pas sans rien dire. Avant de franchir la porte, déclarez à votre manager ou aux RH : « Conformément à votre ordre, je quitte mon poste. J’attends la notification officielle de votre décision par lettre recommandée à mon domicile. »

Le but est de ne laisser aucune place à une interprétation de type « abandon de poste ». Vous partez parce qu’on vous l’a ordonné.


Décryptage juridique : que signifie « partir sur-le-champ » ?

Un employeur ne peut pas « renvoyer » quelqu’un verbalement. Sa demande brutale ne peut correspondre qu’à une seule procédure légale, qui est très encadrée.

Le cas légal : la mise à pied à titre conservatoire 👮

La seule raison légale pour un employeur d’exiger votre départ immédiat est la mise à pied à titre conservatoire. C’est une mesure d’attente (et non une sanction) prise lorsqu’il vous soupçonne d’une faute grave ou lourde (vol, violence, insubordination majeure…). Cette mise à pied doit être immédiatement suivie par l’engagement d’une procédure de licenciement : vous devez recevoir très rapidement (souvent sous 48h) une convocation à un entretien préalable à un licenciement, envoyée par lettre recommandée.

Le cas illégal : l’expulsion abusive 🚫

Si vous ne recevez aucune lettre recommandée dans les jours qui suivent, alors votre « expulsion » n’a aucune base légale. Il s’agit d’une rupture abusive de votre contrat de travail par l’employeur. Cela ouvre droit à une contestation aux prud’hommes pour licenciement sans cause réelle et sérieuse, avec des indemnités potentiellement très importantes.

Le conseil de l’avocat : le silence est votre meilleur allié

« Dans une situation de crise, chaque mot peut être retenu contre vous. Ne vous justifiez pas sur les faits reprochés, ne vous excusez pas. Contentez-vous de demander le motif par écrit et d’affirmer que vous attendez la notification officielle de la procédure. Votre silence et votre calme sont vos meilleures armes. La discussion et la défense auront lieu plus tard, dans un cadre formel et assisté. »

Les étapes suivantes : que faire dans les 24 heures ?

Une fois sorti de l’entreprise, le combat pour vos droits commence.

1. Contacter immédiatement un représentant du personnel (CSE) ou un syndicat 📞

C’est votre premier réflexe. Racontez-lui précisément les faits. Il vous conseillera sur la marche à suivre, pourra témoigner et vous aidera à préparer la suite.

2. Faire constater la situation par écrit ✍️

Envoyez un email ou un courrier recommandé à votre employeur (service RH ou direction) en récapitulant les faits. Exemple : « Monsieur le Directeur, je fais suite à votre demande orale de ce jour à [heure] de quitter immédiatement mon poste. Conformément à votre ordre, j’ai quitté les locaux. Je reste dans l’attente de la notification écrite motivant votre décision. »

3. Consulter votre médecin traitant 👨‍⚕️

Le choc émotionnel d’une telle situation est violent. N’hésitez pas à consulter votre médecin. Il pourra constater votre état de stress aigu et, si nécessaire, vous prescrire un arrêt de travail. Cet arrêt est important car il vous protège et atteste de l’impact de la situation sur votre santé.


De la sidération à l’action : reprendre le contrôle

Se faire mettre à la porte sur-le-champ est une expérience traumatisante. Mais c’est aussi, très souvent, le signe que votre employeur agit dans la précipitation et se place sur un terrain juridique très fragile. En restant calme, en ne signant rien et en suivant méthodiquement les étapes de ce guide, vous cessez d’être une victime.

Vous reprenez le contrôle en activant les protections que la loi vous accorde. Entourez-vous (représentant du personnel, médecin, avocat…) et préparez votre défense. Cette méthode brutale de la part de votre employeur pourrait bien, au final, se retourner contre lui devant un conseil de prud’hommes.


Foire Aux Questions : Départ forcé et immédiat

Suis-je payé(e) pendant la mise à pied conservatoire ?

Non. La mise à pied conservatoire entraîne une suspension du salaire. Cependant, si le licenciement qui suit n’est finalement pas prononcé pour faute grave ou lourde, l’employeur devra vous payer rétroactivement ces jours de mise à pied.

Dois-je retourner travailler le lendemain ?

Non. Si votre employeur vous a explicitement ordonné de quitter les lieux et de ne pas revenir, y retourner pourrait être vu comme une provocation. Vous avez obéi à un ordre direct. C’est pourquoi la confirmation écrite de votre part (par email/recommandé) est si importante pour acter la situation.

Mon employeur peut-il changer les serrures ou bloquer mon accès mail ?

Oui. Dans le cadre d’une mise à pied conservatoire, l’employeur a le droit de vous couper l’accès aux outils de travail et aux locaux de l’entreprise pour protéger ses intérêts en attendant la fin de la procédure.

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